Récit publié dans le quotidien en ligne [AOC] - Analyse Opinion Critique - le dimanche 1er mai 2022. 

Texte performé avec le musicien laurier fourniau lors du Strumfrei Festival en décembre 2021 au Sample (Bagnolet) au sein du collectif d’auteur·e·s PARA-




“Vivre dans la peur – ce que l’on voit, c’est que si l’humanité a les moyens de se détruire, le pire est peut-être qu’elle sape son humanité-même. L’aridité du monde nous lacère l’âme et voilà le désert : nous détériorons nos paysages intérieurs comme s’assèche le lit des rivières, et alors cry me a river. Cette peur qui nous rapetisse, de la poussière qui s’insinue partout, qui nous fait fermer la porte précipitamment, rendre les baisers criminels, baisser les yeux, réclamer les voisins vigilants, vouloir l’autre dehors et l’épargne à tout prix. Vivre dans la peur, avec pour devise Sécurité, Autorité, Austérité.

Tout cela ne me fait pas rêver.

Derrière cette fenêtre, repli dans nos intérieurs, naufrage avec spectateur (notes sur mon téléphone : apprendre le dos crawlé sur le vague à l’âme). Tout est calme, si calme. Je pianote sur mon écran : J’ai tout pour être heureuse ; mon bonheur est coupable. Voilà avec quoi nous devons nous débattre. Au royaume du compromis, comment se tenir droite sous les planches courbes ?“


“Ainsi va le monde, et ce n’est pas ma faute : voilà comment on se rassure. Complices, encore. L’innocence a disparu ; nos inconséquences demeurent. Complices, pourtant. Devant toutes accusations qui titillent notre conscience, nous répondons : Je préfère ne pas y penser. Le système tient car nous sommes à la fois sur le banc des accusés, à la barre, sur l’estrade du juge. Victimes, bourreaux, sauveurs, nous entendons les sirènes des pompiers pyromanes mais nous nous bouchons les oreilles (je te jure ça passera).”(extraits).